SAINT
MARTIN DU CANIGOU
Origine de l'abbaye
Saint Martin du Canigou est une abbaye située en plein
cœur de la montagne sur le territoire de Casteil, à 1055m d'altitude.
Son histoire commence le 12 juin 1005.
C'est en effet à cette date que le
comte de Cerdagne Guifred, arrière petit-fils de Guifred le Velu, donne avec sa
femme Guisla un alleu situé sur les pentes du Canigou (sur le
territoire de Vernet) à l'église de St Martin. Cette église existait donc
précédemment, mais nous n'en avons pas de traces de nos jours.
« Vue générale de l'abbaye
Le 14 juillet 1007, ils effectuent un nouveau don accompagné
d'une clause précise : "Afin qu'en
ce même lieu soit édifié en l'honneur de notre Seigneur Jésus Christ, qu'il lui
soit attaché des moines militant sous la règle du bienheureux père Benoit et
que, suivant la volonté et le privilège du pontife romain et de l'évêque d'Elne
et selon l'institution du roi des Francs, on y serve désormais le Dieu
tout-puissant à perpétuité."
Le comte édifia donc en accord avec ceux de St Michel
de Cuxa une nouvelle fondation monastique sur ce lieu nommé St Martin.
Dès le 13 novembre 1009 le frère de Guifred, l'abbé
Oliba "vint au lieu appelé Canigou,
pour consacrer en l'honneur de Saint Martin, évêque et confesseur de la Sainte
Vierge Marie et de St Michel archange, l'église située en ce lieu qu'on appelle
monastère du Canigou, construite dans la montagne par un prêtre que l'on nomme
Sclua."
St Martin du Canigou
Ce Sclua fut le premier abbé de St Martin, il
entretenait des relations très proches avec le comte. Il semble que ce soit
ensemble qu'ils aient décidé de la façon dont seraient construits les
bâtiments.
En 1025 le comte donne à l'abbaye le lieu de Vernèdes
(Vernet-les bains) ainsi que Case Fabre.
Puis il se fait moine et rejoint la communauté qu'il a
créée. Il creuse lui-même une tombe dans le roc du Canigou qu'il va rejoindre à
son décès, le 31 juillet 1050.
Le monastère n'avait rien de comparable avec celui de
Cuxa. Pauvre, retiré au fond d'une lointaine vallée, la vie sur place était
très rude. Les moines devaient marcher des heures pour arriver sur les
premières terres cultivables (Casteil), et les terres qu'ils possédaient
n'avaient rien de riche. D'où un bénéfice faible pour le monastère.
Le 13 novembre 1009 eu lieu la consécration de
l'église St Martin en compagnie de nombreuses personnalités de l'époque. Le
pape Sergius IV fit une bulle déclarant cette institution canonique en 1011.
Très rapidement un problème se posa, celui des
reliques.
En effet, il est important pour le
rayonnement d'une abbaye de posséder des reliques de saints. Mais ces reliques
ne s'acquièrent pas aussi facilement que ça, tout simplement parce que les
possesseurs actuels refusent systématiquement de s'en séparer, même à bon prix.
La solution choisie par l'abbé est la force. Aussi surprenant que ça paraisse,
le fait d'envoyer des hommes d'armes à la conquête de reliques était un procédé
assez courant, même pour des religieux.
C'est le comte Guifred qui arme des hommes. Ceux-ci
partent avec des moines et ramènent une relique de St Gaudérique de l'église St
Sernin, à Toulouse.
Durant l'année 1007 le pape Sergius IV fournit à
l'abbaye des privilèges assez étendus, entre autre la pleine indépendance de
l'abbaye par rapport aux autres. Mais 100 ans plus tard, en 1114,
Bernard-Guillaume de Cerdagne, comte, donna à Lagrasse St Martin, oubliant les
privilèges d'inaliénation. Malgré les protestations des moines catalans, le
successeur de ce comte, Raymond-Béranger, confirme la donation en nommant
l'abbé de Lagrasse "abbé de St Martin". Ce droit dura jusqu'en 1159,
année où les moines de St Martin parvinrent à choisir l'abbé de Ripoll, mais
comme l'abbé de Lagrasse protesta, il fallut des années de tractations entre
les évêques d'Elne, de Narbonne, les abbés des 3 monastères en jeu et le comte
de Cerdagne pour que St Martin puisse choisir librement son abbé.
Face à ce revers, l'abbé de Lagrasse organisa une
expédition punitive et fit saccager le monastère du Canigou, un moine fut même
tué.
Différents évènements ayant rythmés la vie du
monastère
Durant la reprise militaire du royaume de Majorque par
Pierre IV, Jacques III de Majorque vint en Conflent avec une petite armée et
prit plusieurs places fortes. Vu qu'entre-temps St Martin avait été fortifié,
ce roi sans terre attaqua l'abbaye, la mit au pillage et les religieux furent
emmené comme prisonniers.
Et comble du malheur, Pierre IV crut que l'abbé avait volontairement ouvert les portes, donc lorsque Jacques III fut définitivement écarté, l'abbaye fut à nouveau pillé, mais par les aragonais cette fois.
Et comble du malheur, Pierre IV crut que l'abbé avait volontairement ouvert les portes, donc lorsque Jacques III fut définitivement écarté, l'abbaye fut à nouveau pillé, mais par les aragonais cette fois.
Or après ces malheurs, en 1428, un tremblement de terre
fit effondrer la tour de défense et une grande partie des habitations. Ce fut
quasiment la fin de l'abbaye car les terres qu'elle possédait, et donc les
revenus engendrés (en argent ou en main d'œuvre) n'étaient pas suffisantes pour
tout reconstruire.
Mais ce fut sans compter sur la ténacité de l'abbé
Jean Squerd, qui redonna confiance et fit reconstruire par les moines
eux-mêmes. Il faut dire que leur foi en St Gaudérique leur faisait transporter
des montagnes.
St Gaudérique est "le patron des écluses
célestes", on le prie pour faire pleuvoir ou au contraire faire cesser la
pluie. A de nombreuses reprises les reliques de ce Saint ont été sorties de
l'abbaye pour être descendues en plaine, en particulier cette année 1613 où, en
cours de route elles furent arrêtées à Villefranche de Conflent : le viguier, Dalmau de Descattlar
avait pris l'initiative de stopper la procession pour les empêcher de descendre
dans la plaine.
Face à ce sacrilège, une armée de 2000 hommes,
commandée par le capitaine Jorda, monta de Perpignan dans la vallée de la Têt.
Ils prirent le 23 janvier 1613 Ria, puis Sirach, des avant-postes de
Villefranche. Puis le 29 janvier une pluie de boulets (non demandée à St
Gaudérique !) s'abattit sur la ville, tuant 200 hommes contre 1 chez les
perpignanais. Les vignes et les vergers alentours furent rasés également en
guise de punition. Ce fut une expédition des almogavares, ces fameux soldats
catalans sans bouclier.
Déchéance et renaissance
St Martin du Canigou fut un vrai centre religieux au
sens "retraite", à plusieurs reprises ceux qui furent envoyés relever
la foi d'autres monastères, "plus léger" dans l'organisation
quotidienne. Mais durant le XVIIe siècle, la vie devint vraiment
difficile pour les moines.
Le 4 septembre 1779, la petite communauté dû se rendre
à l'évidence et commencèrent à prévoir la fermeture de l'abbaye.
Le 7 décembre 1783, la communauté de St Martin du
Canigou fut dissoute. Les reliques de St Gaudérique furent transportées à
Perpignan, les ossements de Guifred furent descendus dans l'église de Casteil.
En 1793 ils seront dispersés par les soldats de Ricardos. La communauté se
sépara définitivement.
Les ruines de l'abbaye seront remontées par l'évêque de Perpignan de Carsalade du Pont, au début du XXe siècle, qui rachète les ruines.
Les ruines de l'abbaye seront remontées par l'évêque de Perpignan de Carsalade du Pont, au début du XXe siècle, qui rachète les ruines.
De 1952 à 1971 Dom Bernard de Chabannes achève la
restauration et restaure la vie spirituelle.
Actuellement et depuis 1988, les
"Béatitudes" se chargent de l'intendance. Leur but est de maintenir
une présence dans les lieux sur base de prières, mais aussi d'assurer les
visites et l'entretien des bâtiments. Les membres, au nombre de 17 en 2005,
vivent de la ventes des billets et des produits dérivées. Il s'agit
essentiellement de laïcs. Le responsable de cette communauté expliquait (repris
de l'Indépendant, 10 décembre 2005) :
« Nous sommes 17 personnes à occuper les lieux en
permanence, il y a des familles, des célibataires, mais aussi des clercs et des
religieuses, tous engagés dans un mouvement de foi. Nous avons une démarche
spirituelle reconnue par le Conseil Pontifical Laïc. A travers notre mixité
nous remplissons un rôle original au sein de l'Eglise. Nous ne sommes
évidemment ni une secte, ni adepte d'un quelconque mouvement de type new-age.
C'est bien sûr difficile à comprendre pour ceux qui ne peuvent s'imaginer que
la pureté existe. »
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